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    • PRÉFACE [Par Morana]

      Makwah, Capitaine du Drunken Seahorse, je te remets ce journal vide pour que tu y écrives ton histoire. Elle deviendra aussi la mienne.

      Après un voyage en toi-même pour affronter tes plus grandes craintes, tu vas consacrer ta vie à l’accomplissement de la mission que je t’ai confiée : le rassemblement des MÉKANS. Ces objets sont les morceaux d’une très grande horloge à l’origine du commencement du temps sur Delan- tera. Il y en a douze, correspondant aux douze heures de la journée. C’est tout ce que tu as besoin de savoir. Et la seule chose que je peux te dire de toute façon. Tu devras faire appel à ton flair, et aux talents de ton équipage, pour trouver ces objets qu’on m’a dérobés il y a longtemps, et me les rapporter, comme tu t’ai engagé à le faire.

      Grâce à tes mots, je verrai le monde à travers tes yeux. Je ferai la découverte de choses et de sensations que je n’ai jamais connues. Nous serons liés par l’encre avec laquelle tu écriras, que mes Scribes animeront sous mes yeux. Je sortirai alors de l’ennui profond dans lequel je suis plongée depuis la nuit des Temps. Et surtout, je te garderai près de moi, pour être certaine que tu ne faillisses pas à ta tâche. Car, souviens-toi, je ne suis pas là, et partout à la fois…

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      • JOUR 1

        Je respire à nouveau et ça fait du bien. Beaucoup plus que je ne l’aurais pensé. On ne se rend pas compte de la chance qu’on a avant de perdre ce que l’on aime.

        J’étais content de revenir auprès de mon équipage, même si, de leur côté, ils ne se sont pas rendu compte de mon absence. Comme tu me l’as dit, ce temps ensemble n’a semblé qu’une seule seconde pour eux.

        Ils n’ont pas encore remarqué la barbe. Il faut dire qu’on ne se lave pas souvent à bord. Elle ne brille pas tant que ça. Je vais la laisser comme ça, pour être sûr de ne pas attirer les ennuis. Tu savais que ce cadeau était empoisonné, évidemment.

        Tu m’en veux, Goldy? Apres Barbe Bleue et Barberousse, ca te prenait un nom de pirate, tu vas devenir celebre apres tout!

        Il faut seulement que je m’arrange pour que personne ne le remarque et ça devrait pouvoir m’aider. Je connais une vieille technique d’alchimiste qui pourrait fonctionner pour fabriquer des pièces d’or. J’espère juste qu’elle fonctionnera avec ce que je serai capable de fabriquer dans ma cabine. Je ne veux surtout pas que les gars soient au courant.

        Merci pour le compte rendu mais ca suffit les etats d’ame maintenant. Je veux du concret, moi. Je veux vivre a travers toi. De l’action, et que ca saute!

        • JOUR 3

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          Ça aura mis du temps mais j’ai enfin récupéré le Drunken Seahorse. Les Oiseaux l’avaient presque complètement détruit. Ils le gardaient amarré à un rocher, dans une grotte près du Château. Je suis certain qu’ils ont pris
          les pièces dont ils pouvaient se servir et ils ont laissé la carcasse là. Ils ont laissé mon drapeau, à la vue des prisonniers et des criminels jugés au château comme une sorte d’avertissement. Ils veulent faire comprendre qu’ils chassent les bandits les uns après les autres. Mais ce sont eux les vrais brigands, qui volent les richesses des plus démunis et inventent des règles pour garder le pouvoir qu’ils ont. Ils volent, mentent et détruisent tout ce qui peut les empêcher de s’enrichir davantage. J’ai réussi à récupérer mon navire, en faisant un peu de troc avec un vieux contact, et on a engagé une petite équipe de castors, les meilleurs menuisiers, pour le remettre en bon état.

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          Les Oiseaux, ces emplumés, ils peuvent essayer de tous nous attraper, les pirates, mais ils n’en viendront jamais à bout. Les pirates sont inépuisables. Même à bout de force, ils trouvent toujours une étincelle quelque part pour raviver la flamme. Ça fait du bien de reprendre la mer au gouvernail de mon plus fidèle ami…

          C’est comment, voguer sur la mer?

          Parles-en à Bacon, il est né sur l’eau et dit que la sensation d’un navire qui frappe les vagues sous son pied (il a juste une jambe, il a perdu l’autre il y a longtemps, elle a été remplacée par une jambe de bois), bref, il dit que c’est la meilleure sensation qu’il connaisse. Je suis assez d’accord avec lui.

          Ce n’est pas pour tout le monde naviguer en mer. C’est constamment en mouvement. Il n’y a aucune stabilité. Ça prend un bon équilibre et une bonne santé. Parce que même quand il pleut, ou qu’il y a une tempête, il faut être sur le pont pour s’assurer que les voiles restent intactes. Moi, j’aime prendre la barre dans ces moments-là, c’est excitant. Mais Bacon aussi, alors on tire à la courte paille. Je gagne souvent. Il faut croire que mon navire sait me faire plaisir.

          • JOUR 6

            Aujourd’hui, je n’ai pas envie d’écrire. Mais je le fais quand même, un pacte, ça se respecte. Et je n’ai pas envie que tu doutes de moi. On a une piste
            concernant les Mékans. Je vais essayer d’en savoir plus bientôt. C’est à suivre.

            Enfin! Je commencais a croire que t’avais deja oublie! Est-ce que tu as entendu parler de Salem? Le vieillard qui m’a file entre les doigts…

            Non… je ne sais pas qui il est. Peut-être que j’entendrai parler de lui au fil de ma quête…

            Il est bien cache le vieux. Mais bon ca ne sert a rien de ressasser le passe, comme on dit. Maintenant je t’ai, toi, aventurier capitaine et je sens que tu pourras m’apporter ce que je veux depuis si longtemps! Tiens-moi au courant des avancements, je veux tout savoir! Je sais que ce que je te demande te prendra beaucoup de temps. Mais je suis si excitee! Je voudrais etre sur ton navire, avec ton equipage pour le vivre avec vous.

            Je te tiendrai au courant, ne t’inquiète pas. Et si j’oublie, je sais que tu sauras me le rappeler…

            • JOUR 9

              Je ne sais pas si je t’ai déjà parlé de Bill, mais c’est le comptable sur le na- vire. C’est une grenouille qui vient d’une famille d’aristocrates. Tu devrais le voir, il insiste pour porter sa perruque blanche en tout temps. Je lui dis souvent de l’enlever, que ça ne fait peur à personne, que c’est même ridicule, mais il insiste. Il dit que son but n’est pas de faire peur, mais de bien faire son travail, la comptabilité. Il a peur de tout, mais c’est le seul qui sait réellement compter. Il a une bonne tête sur les épaules et sait comment garder les réserves le plus longtemps possible. Il est avare : c’est parfait pour ne pas dépenser, un comptable qui a peur de perdre de la richesse.

              Je lui ai dit de trouver des moyens de réduire les dépenses encore plus parce qu’on n’a pas grand-chose, à part du rhum.

              Tu sais qui remercier pour ca!

              Oui, mais ce n’est pas avec du rhum que mes gars vont aller très loin, au contraire. Grog en abuse et il ne voit pas très clair. Il confond souvent des navires avec des icebergs… Mais bon, il venait avec le Drunken Seahorse quand je l’ai acheté. Il est utile parfois, mais très rarement.

              Bref, on n’a pas grand-chose, les gars ne mangent pas à leur faim, mais on doit essayer de garder nos réserves jusqu’à ce qu’on trouve un bon trésor… C’est ça la vie de pirate!

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              • JOUR 11

                L’équipage du maudit Rakkar est passé avant nous aux endroits pour lesquels j’avais eu des bons plans.

                C’est qui Rakkar ?

                Le chef d’un équipage de rats. On est souvent en compétition pour les mêmes trésors. Ils ont essayé de s’en prendre à nous plusieurs fois, et ça mal tourner, pour eux. Tu les as sûrement rencontrés, ou peut-être pas encore… De toute façon, ils ne sont pas intéressants.

                Où j’en étais ? Tu veux que je te raconte des histoires, mais tu me fais perdre le fil avec tes questions ! Ah oui ! Un vieux loup de mer m’a dit que le Rakkar a embarqué un nouveau gars qui était autrefois « enfouisseur » pour Sa Majesté je-me-rappelle-plus-qui. Il avait dispersé les biens précieux de sa Majesté un peu partout sur l’île, pour éviter que des voleurs viennent piller son royaume.

                L’enfouisseur s’est sauvé en mer en amenant les cartes avec lui. C’est Rakkar qui a pu profiter de tout ça en les revendant.

                C’est peut-être même la Majesté elle-même qui a racheté ses propres affaires. Parfois, le hasard fait bien les choses. De toute façon, je suis contre toute forme de royauté. Pourquoi certaines personnes, à cause de la famille d’où ils viennent, auraient plus de privilèges et de richesse que d’autres ?

                C’est une histoire de Ligne de Vie, je crois…

                De toute façon, on n’a pas besoin de grand-chose pour vivre. Eux, ils ne savent même plus quoi faire de leur argent.

                • JOUR 12

                  Est-ce que tu aurais besoin de renforts dans ton equipage? Je viens de rencontrer un pirate avec beaucoup d’experience. Il te plairait, je crois.

                  Moi, je ne cherche personne : l’équipage est complet et on commence à très bien travailler ensemble. Ce n’était pas facile au début, je pensais devoir me débarrasser de quelques-uns, comme Georges. Je ne lui ai jamais dit, mais il me tapait vraiment sur les nerfs au départ à toujours penser qu’il est meilleur que les autres. Les gars l’ont remis à sa place et il s’est calmé. Il a démontré qu’il avait des aptitudes importantes. Il a une ouïe vraiment développée. Mais je ne vais certainement pas lui dire, des plans pour qu’on en entende parler pendant des jours. Il se fait assez de compliments à lui-même, on ne va pas l’encourager en plus. Bref, on n’a plus grand-chose sur le navire côté bouffe, on avait faim alors on a pillé un bateau de pêcheurs qui croisait notre route. Tout le monde a été malade. C’était avarié. On n’a pas eu de chance. À l’avenir, on se contentera de manger ce qu’on pêche. Vaut mieux ne se fier qu’à soi-même, finalement…

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                  On ressent quoi quand on a faim?

                  Une sorte de vide à l’intérieur.

                  Alors j’ai faim tout le temps, je crois.

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                  • JOUR 15

                    Ce matin, Romiaou a trouvé une bouteille à la mer. On pensait trouver un message de détresse à l’intérieur, ou une vieille lettre d’amour de Romiaou que personne n’aurait jamais repêchée, mais c’était une lettre codée. On a essayé
                    toutes sortes de formules, mais on n’a pas réussi à comprendre le message.

                    Je la transcris ici, peut-être que tu y arriveras.

                    À l’envers :

                    À tseuo’l ed elî’l ud ruehcêp elgueva es evuort nu erivan ed enutrof énnodnaba euq Sed snisruo tno tnemetèlpmoc trevuocer. Li tîarap à’uq rueirétni’l es evuort, évarg Rus el siob, sed snoitacidni ruop nu rosért.

                    En code morse :

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                    Réponse :

                    À l’ouest de l’île du pêcheur aveugle se trouve un navire de fortune abandonné que des oursins ont complètement recouvert. Il paraît qu’à l’intérieur se trouve, gravé sur le bois, des indications pour un trésor.

                    Merci! Ca fait passer le temps!

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                    • JOUR 18

                      Je suis sur le pont et je regarde l’océan. La mer est calme et la plupart des gars dorment encore. Il y a une brise qui crée de petits plis sur la surface de l’eau. J’adore sentir le vent sur mon visage. Tu ne sais sans doute pas de quoi je
                      parle. Mais c’est une sensation difficile à décrire.

                      Essaie! T’es le seul qui peut me parler de ces choses-la !

                      Ok… Je dirais que c’est comme une caresse. Le soleil réchauffe et le vent ra- fraîchit, ce qui donne une sorte de frisson chaud. Tu ne sais pas ce que sont le chaud et le froid, je crois, mais bref, je me sens bien quand le climat est comme ça.

                      Ça ne va pas durer par contre. Le ciel est dégagé, mais l’humidité dans l’air an- nonce une tempête. Cette nuit probablement. En mer, le vent peut se lever très vite, d’un seul coup, et les nuages recouvrent le ciel en quelques instants.

                      Quand j’étais petit, mon père m’enseignait à regarder les différentes formes de nuages pour comprendre ce qu’elles voulaient me raconter.

                      On faisait la lecture du ciel ensemble.

                      Après, il m’a appris à sentir les changements dans l’air, pour savoir quand une tempête allait s’élever, un torrent de pluie s’abattre ou un ouragan se déployer. Il disait qu’il suffisait d’apprendre à sentir. Pas avec le nez, avec tout le corps.

                      Là, je ne vois qu’un seul nuage, et il est blanc, pas très menaçant, mais sa texture est compacte, comme de la ouate et une partie est gris foncé. Il ressemble un peu à un canard. Il va pleuvoir très fort.

                      Je vais prévenir l’équipage pour qu’ils débarrassent le pont avant l’averse.

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                      • JOUR 19

                        Les gribouillis partout, c’est Esteban le plus jeune des trois ratons qui m’a volé le journal pendant que j’avais le dos tourné. Avec ses frères, ils sont des voleurs professionnels. Mais ne t’inquiète pas, ils ne savent pas lire et le petit dernier ne parle même pas.

                        Alors, les dernières nouvelles. On vient à peine de reprendre la mer. Comme je t’ai écrit précédemment, un cargo a fait naufrage et a déversé tout son liquide visqueux dans la portion de l’océan où nous devions passer pour nous rendre près du château des Oiseaux. Si ça se trouve, c’est leur nouveau plan pour attra- per les pirates…

                        Les océans sont plus sales que jamais. Il n’y a pas respect pour la nature alors qu’elle était là la première, comme le répétait toujours mon père. Ça m’enrage.

                        Une des règles dans mon équipage, c’est de respecter l’environnement. C’est pour ça que j’ai pris Benett dans l’équipage. En plus de sa très grande force bien sûr. Avant de se joindre à nous, il faisait partie d’une équipe de marins qui travaillaient à la protection de l’environnement. Il a instauré le système qu’ils utilisaient sur le Drunken Seahorse.

                        Je ne sais pas si la protection de l’environnement m’interesse vraiment Makwah…

                        Tu m’as dis d’écrire ce que je fais, alors voilà, travailler pour préserver la nature, ça fait partie des tâches que je me suis engagé à accomplir. Je ne vais quand même pas faire TOUT ce que tu veux. Et si tu vivais sur Delantera, tu verrais comme l’état de la nature se dégrade et tu voudrais savoir que des braves gens s’en occupent.

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                        Alors, comme je disais avant de me faire interrompre, j’ai donné l’ordre que si quelqu’un voit des déchets dans l’eau, il se doit d’essayer de les récupérer. On les met ensuite dans un tas sur le pont qu’on transporte au dépotoir quand on fait des escales.

                        C’est une bonne manière pour nous de faire de belles trouvailles en plus. On garde les trucs qui peuvent nous être utiles. On a déjà trouvé un gouvernail presque neuf, des voiles qui de- vaient être un peu raccommodées et même une hélice d’avion. On l’a installée dans la cuisine pour que Norbert n’ait pas trop chaud quand il cuisine. Déjà que sa bouffe n’est pas très bonne, on ne voudrait pas qu’il sue dedans en plus.

                        • JOUR 20

                          Aujourd’hui, c’est jour de corvée sur le navire. Il y a beaucoup de choses à faire sur un bateau de pirates. On doit monter dans la mâture pour changer les voiles ou réparer celles qui sont endommagées par les grands vents ou les attaques. Un boulet, ça te déchire une grande voile en moins de temps qu’il n’en faut pour dire Moruebleu. On doit démêler les cordages et s’assurer que tout est bien fixé avec les bons noeuds. Il existe beaucoup de sortes de noeuds et, si on ne fait pas les bons, l’équipement ne sera pas solide et ça pourrait causer la mort.

                          Mais pas a toi, mon Goldy…

                          Tu as compris ce que je voulais dire. Ça peut être très dangereux. Il faut entretenir les armes et les canons aussi. C’est souvent Romiaou et Georges qui s’en chargent. Romiaou aiguise les épées et Georges récure les canons. Je ne sais pas s’il le fait vraiment, il est si paresseux, mais bon, quand vient le temps de se bat- tre, il s’en sort assez bien.

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                          Ca suffit les longues descriptions de menage! ca devient long et ennuyeux…

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                          Eh bien, justement, ce n’est pas toujours passionnant d’être pirate! Je te dresse le portrait réel de la vie de pirate, comme tu me l’as si gentiment demandé. Tu veux te sentir vivante et savoir tout ce qu’on fait, alors je t’inclus dans les tâches du quotidien parce que pour être en mesure de chercher des trésors, il faut que l’équipement soit en bon état. Je continue, j’espère que tu prends des notes.

                          Comme il fait beau, j’ai demandé aux singes et aux souris de briquer le pont : ça veut dire le mouiller pour éviter qu’il craque à cause de l’eau de mer. Sinon c’est dangereux, les gars pourraient se couper les pieds sur des bouts de bois pointus.

                          J’ai détaché Glou pour qu’il nettoie la coque du navire, sinon les algues s’accumulent et ça nous ralentit. Il mange ce qui l’intéresse et Benett finit le travail en grattant le reste, ou en le man- geant aussi sans doute. Il avale n’importe quoi de toute façon, sauf la viande. Il dit qu’un animal ne devrait jamais en manger un autre.

                          • JOUR 23

                            En nettoyant la mer avant que le soleil ne se couche, Benett a recueilli une sorte de poisson que je n’avais jamais vu auparavant. Il était translucide et pas très gros. Il avait, entre les deux yeux, une sorte de longue antenne avec une petite boule au bout qui semblait émettre de la lumière. Même Papingo ne savait pas ce que c’était. Et pour que même notre cerveau ne le sache pas, c’était vraiment une espère rare.

                            Il l’a mis dans un bocal et est en train de l’étudier dans la cale. Il dit qu’on pourrait peut-être s’en servir pour chercher des épaves et des trésors dans l’océan la nuit, comme une sorte de grosse lanterne.

                            La mer ne cessera jamais de me surprendre.

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                            • JOUR 25

                              On est sur la piste d’un petit trésor. Bill dit que ce n’est sans doute pas grand-chose, mais que ça ne peut pas nous faire de mal parce que les temps sont durs.

                              J’entends crier sur le pont, je crois que Bacon se prend la tête avec Bill, comme d’habitude. Je vais aller voir ce qui se passe, je reviens.

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                              Esteban a encore fait des siennes…

                              Fais attention ou tu laisses ton journal!
                              Je te rappelle que personne ne doit savoir le lien que nous avons!

                              Ça va. Je fais attention. Alors si tu veux savoir c’était quoi le problème, Bill et Bacon s’engueulaient à propos d’argent, comme d’habitude.

                              Bacon m’a souvent dit qu’il en avait marre de Bill, « Cuisse de grenouille » comme il l’appelle. Ils ne peuvent se supporter parce qu’ils sont trop différents. Dans leur manière de penser autant que dans leur physique. C’est vraiment des opposés. Et crois-moi, c’est pas vrai que les contraires s’attirent…

                              Bacon et moi, on est comme des frères, même que comme il est plus vieux que moi, il est parfois protecteur, comme un père. Mais je n’aime pas trop ça quand il réagit comme ça. Je ne veux pas perdre l’autorité que j’ai auprès des autres. C’est le seul en qui j’ai vraiment confiance. Les autres font du bon boulot et ils sont chacun attachants à leur manière, mais Bacon m’a vraiment aidé à appren- dre les rudiments de la navigation.

                              On se comprend sans avoir besoin de dire grand-chose. Il peut paraître dur, mais c’est un bon gars. Au début, quand on commençait à recruter des gars pour former un équipage, on a bu trop de rhum et il m’a confié son amour pour Miss Piggy, une star de cabaret. C’était la première fois qu’il se confiait comme ça.

                              Le lendemain, il était encore plus silencieux que d’habitude. Déjà qu’il ne parle jamais pour rien dire. Là, c’était le silence total. Je savais qu’il se sentait mal de s’être autant ouvert à moi. Je lui ai donné une photo de Miss Piggy que Benett avait trouvé dans un vieux journal. Je l’ai pliée et mise dans sa poche en lui faisant sig- ne que je n’en parlerais à personne. Il m’a presque souri. Je l’aime, ce vieux lard. Il est solide et sait ce qu’il fait.

                              Mais je garde la Grenouille, personne d’autre que lui ne sait compter de toute façon.

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                              • JOUR 28

                                On a traversé une très grosse tempête cette nuit. En passant dans un étroit passage entre deux flancs de montagnes, des rafales de vent nous ont pris par surprise et une pluie torrentielle s’est abattue sur nous. Georges montait la
                                garde sur le pont, il a failli se noyer. La grande voile est déchirée, il faut la recoudre, j’ai mis Romiaou là-dessus. Personne n’a été blessé.

                                • JOUR 31

                                  Comment avance la recherche des Mékans?

                                  On en a enfin trouvé un!

                                  Je fais ça court, mais on est allé dans le repère d’un flamand cruel près du château des Oiseaux. Papingo est venu avec moi. Il le connaissait parce qu’il a grandi au château : son père a déjà été conseiller du Roi. Bref, on a failli se faire prendre au moins huit fois mais après une très longue course, et la mort du Roi (tu le salueras de ma part quand tu le verras), on s’est finalement échappé par une fenêtre, on a sauté en bas de la falaise et on est retourné au bateau.

                                  journal-sketch_roi-mort

                                  C’est tout? C’est le genre d’action qui m’interesse! Plus de détails sur la maniere dont tu récuperes les MEKANS et moins sur ce que tu manges pour souper. Merci!

                                  Ça va, ça va! Tu m’as dit que tu voulais voir le monde à travers mes yeux. Je me force pour te donner beaucoup de détails, je n’avais jamais écrit de journal avant.

                                  • JOUR 36

                                    journal-sketch_dogfin

                                    Il etait temps, ca fait une eternite que tu ne m’as pas ecrit! N’oublie pas notre entente!

                                    Je ne l’oublie surtout pas ! J’étais très occupé à accomplir l’autre chose que tu m’as demandée, je te rappelle !

                                    Une énorme créature marine s’est emparée de l’artefact qu’on venait à peine de trouver ! On aurait dit une sorte de chien, mais avec des nageoires et des branchies.

                                    Papingo dit que ça s’appelle un Dauchien et que c’est un animal de compagnie répandu dans les profondeurs de l’océan, surtout dans les petites villes familiales. Il a dit autre chose dont je ne me rappelle plus du tout.

                                    Vous l’avez rattrape?

                                    On peut dire ça comme ça, oui.

                                    • JOUR 38

                                      L’ambiance est un peu tendue sur le bateau ces derniers temps. Les gars veulent plus d’informations sur la quête. J’arrive à les rassurer avec des pièces d’or que je fabrique moi-même dans ma chambre.

                                      pièces

                                      C’est un peu long, mais en coupant ma barbe à chaque soir, j’arrive à faire quelques pièces chaque jour. Elle repousse vraiment vite en plus. J’utilise une technique que Papingo m’a enseignée pour les chauffer et les faire durcir. Je ne lui ai pas dit pourquoi j’en avais besoin, mais il s’est fait un plaisir de m’expliquer le procéder de la liquéfaction des métaux. Il a appris ça dans l’un de ses nombreux voyages. Je ne me rappelle plus
                                      lequel. J’essaie de trier les informations importantes quand il parle et de laisser les autres de côté. Je ne comprends pas comment il peut stocker autant d’informations dans une si petite tête.

                                      J’ai fini par me dire qu’il connaissait tout.

                                      journal-sketch_papingo

                                      • JOUR 42

                                        On a attaqué un navire de croisière. Si tu pouvais manger, tu aurais salivé devant l’énorme buffet qu’on a ramené à bord.

                                        J’aimerais tellement pouvoir gouter a des fruits juteux, des légumes croquants et plein de plats que je vois seulement, sans meme les sentir. Mais grace a toi, j’ai presque l’impression de le faire.

                                        Tu deviens douce et mélancolique, j’allais presque croire que tu me remerciais.

                                        Ca va, je suis toujours la meme. toujours aussi impatiente que tu trouves les Mékans.
                                        Je dis juste que tu es mieux de respecter le contrat, car c’est ce qui me permet de tenir le coup… enfin bref, continue.

                                        Alors le bateau qu’on a attaqué, c’était une croisière d’Oiseaux, évidemment. Ils sont les seuls à faire des balades sur l’eau de luxe pour le plaisir. Comme ils croient qu’ils sont à l’abri de tout, ils ne s’attendaient pas à une attaque de pirates. Grog a détaché le drapeau pour qu’on ne se fasse pas repérer. On s’est rapproché et on a demandé des indications concernant une fausse île. Je leur ai promis un peu d’or en échange, qu’ils n’ont jamais eu évidemment. On a ligoté le pilote, bâillonné les autres comme des saucisses et pris tout ce qu’il y avait à prendre.

                                        oioi

                                        Je me demande combien de temps ça va prendre avant que leurs « confrères Oiseaux » remarquent leur disparition.

                                        Ils ont le temps de bien bronzer au soleil, les poulets rôtis.

                                        • JOUR 45

                                          On a croisé un navire nordique qui transportait la Princesse Hermina. C’est la fille d’un Roi et d’une Reine célèbres dans les terres du Nord. Elle devait se rendre au Royaume des Oiseaux pour rencontrer de futurs époux. C’est Bill
                                          qui nous a raconté tout ça. Je ne sais pas comment il a été mis au courant, mais les familles royales l’intéressent beaucoup, donc je me suis dit que ce devait être vrai.

                                          On a réussi à pousser leur navire contre le flanc d’une montagne, monter à bord et ramener la Princesse Hermina sur le Drunken Seahorse. On voulait avoir une rançon en échange de sa libération. Mais les choses ne se sont pas passées comme prévu…

                                          Elle n’était pas du tout effrayée, au contraire, elle semblait même amusée. Je crois qu’elle trouvait notre équipage beaucoup plus divertissant que celui du navire qui la transportait.

                                          Elle s’est mise à poser des questions sur tout et n’arrêtait jamais de parler. Elle voulait qu’on la garde avec nous et qu’on lui apprenne à devenir pirate. Elle disait que sa vie de princesse était vraiment trop ennuyeuse. Elle parlait même d’épouser Taïga, qui n’en avait vraiment rien à faire d’elle. Même pen- dant la nuit, elle parlait en dormant. Au bout d’un moment, on en a eu vraiment marre et on l’a ramenée à sa famille sans rien demander en échange, durant la nuit. On est parti très vite pour pas qu’elle ne trouve le moyen de revenir à bord à la nage. Elle était vraiment insupportable.

                                          • JOUR 46

                                            Les réserves de rhum baissent, on a dû en prendre une bonne partie pour donner du carburant à Glou quand le dauchien a volé l’artefact. Grog à lui seul en boit beaucoup aussi. Mais bon, je n’en parle pas trop, c’est tout ce qui lui reste dans la vie. Et s’il ne boit pas, il est insupportable. Enfin, je sais que tu vas remédier à la situation rapidement, c’était notre accord.

                                            Aussitot dit, aussitot fait.

                                            Merci. Pour que l’eau reste potable plus longtemps, on mélange un peu de rhum avec.

                                            C’est Papingo qui nous a dit que l’alcool agissait comme une sorte de désinfec- tant. Enfin, je ne sais pas si c’est le mot qu’il a employé, mais ça marche. Nos réserves d’eau durent plus longtemps. Je ne dis rien quand Bacon boit un peu plus que d’habitude : je sais que ça l’aide quand sa jambe le fait souffrir. De toute façon, on en a autant qu’on a besoin d’après ce que tu as dit…

                                            Je respecte ma part du contrat, moi.

                                            • JOUR 50

                                              Non seulement on s’est fait voler le premier artefact qu’on avait trouvé, mais en plus, le peuple de la mer qui l’a récupéré nous a attaqué pour avoir été leur reprendre. On ne voulait que ce qui nous appartenait. Ils ont commencé à nous traiter de meurtriers et de pollueurs alors que, comme je t’ai expliqué, mon équipage protège l’environnement. C’était une bagarre assez violente. Heureusement, ils ont battu en retraite. Je ne sais pas exactement pourquoi, mais j’ai l’impression qu’ils craignaient l’île où nous nous rendions. Papingo dit qu’elle s’appelle Tanzana. On n’est jamais allé là, je ne sais pas trop à quoi m’attendre, mais il paraît que des bêtes sauvages y vivent. J’espère que ce n’est pas à elles que nous devrons demander des renseignements sur les Mékans… Je vais aider les gars, on va accoster sous peu.

                                              • JOUR 52

                                                Nous sommes débarqués sur l’île Tanzana où vivent deux tribus de félins. Nous n’en avons rencontré qu’une seule pour l’instant. Ils semblent assez inoffensifs, mais l’autre tribu ne doit pas se tenir bien loi

                                                C’est tout? Goldy? Ca va? On arrivait justement au moment interessant!

                                                • JOUR 53

                                                  Je viens à peine de revenir sur le navire. Il s’est passé beaucoup trop de choses. Les gars se sont fait empoisonner, je me suis fait attraper par une plante carnivore, mais une fille m’a sauvé, je l’ai suivie dans la forêt, elle poursuivait
                                                  une créature avec une sorte de masque d’oiseau qui s’est jetée dans le volcan. Il est entré en éruption et nous avons dû sauter entre les morceaux de rochers et la lave en fusion. Puis, nos colliers se sont collés comme des aimants.

                                                  ELLE A UN MÉKAN ! Je l’ai trouvé par hasard ! On s’est fait attaquer par une folle qui veut nos Mékans, mais on a réussi à s’en débarrasser. On a sauté dans l’eau et nagé jusqu’au bateau. Je ne sais pas comment je fais pour avoir autant de chance ni si c’est toi qui m’aide un peu. Mais on a un autre Mékan ! La fille s’appelle Félicia, je vais la garder dans l’équipage un moment, le temps de la con- vaincre de me laisser le deuxième Mékan. Et elle sait bien se battre, elle pourrait m’être utile.

                                                  Wow! C’est beaucoup d’informations en meme temps mais ce sont de bonnes nouvelles! Maintenant c’est quoi le plan pour la suite? Goldy? Goldy! Tu fais quoi?

                                                  C’est la folle qui nous attaque, je te parle plus tard.

                                                  • JOUR 55

                                                    Après l’attaque de Sibri, la folle qui veut nos Mékans, on a été pris dans une grosse tempête, une sorte de tsunami. On vient à peine de se réveiller. Le navire est en miettes et je ne sais pas combien de temps nous sommes restés inconscients sur la plage…

                                                    On vient d’arriver dans une nouvelle ville, ou un nouveau monde… Je ne sais plus… Enfin, je n’ai jamais rien vu de tel, et n’ai jamais entendu parler de ce genre d’endroit. On a vu une ville au loin, avec des bâtiments très hauts, faits de métaux. Elle est couverte d’un nuage de fumée, semble très sale et une odeur de rouille plane dans l’air en permanence. J’ai l’impression que c’est la tempête qui nous a amenés ici, mais je ne comprends pas comment. Papingo m’a dit que des portails entre différents lieux sont impossibles, mais après t’avoir rencontrée et être revenu parmi les miens, je ne sais plus ce qui est possible et ce qui ne l’est pas. Je commence à croire que la quête que tu me demandes de poursuivre est beaucoup plus vaste et complexe que ce que tu m’avais laissé croire…

                                                    Saleté,ce sale Taïga avait raison, il ne faut jamais penser au temps qui passe, sinon on devient fou.

                                                    Salem On n’en avait pas vraiment parlé, mais j’ai combien de temps pour rassembler les Mékans ?

                                                    Tout le temps dont tu as besoin, mais ma patience a des limites…

                                                    Il faudra en avoir plus, car je sens que ce n’est que le début d’une très longue aventure…

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